Près de trois cents personnes sont venues lui dire un dernier au revoir. |
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La messe est célébrée par le Père Philippe Desgens (aumônier des artistes) et curé de la paroisse de Saint Roch assisté de Patrick Breitburd (Diacre).
Une messe œcuménique en présence du Pasteur Florent Varak (au second plan) et de Monsieur Jean François Lévy (Mouvement Juif Libéral).
Rite de la lumière : Grégoire & Elie Koubi |
Charles est ensuite accueilli par un de ses meilleurs amis, Edouard Marquis.
« Charles, mon Charles, tu vas nous manquer, et égoïstement chacun d’entre-nous pensera surement "tu vas me manquer".
Et c'est vrai, tu vas énormément nous manquer.
Tu étais mon meilleur ami et le meilleur des amis, les dizaines de messages qui s'accumulent reprennent tous les mêmes qualificatifs, assez rares pour un homme de télévision : ta gentillesse, ta générosité, ta fidélité, ton humour, ta très grande curiosité et j'en passe...
Alors Charles, dans ce cercueil il y a ton corps, ton corps supplicié, ton corps martyrisé. Martyrisé par plus de cinq mois passés à l'hôpital en réanimation. Cinq mois après cette greffe des poumons que tu souhaitais tant et qui s'est si mal passée. Cinq mois à lutter contre des colonies de microbes et des maladies nosocomiales. Cinq mois où tu étais comme tu le disais : prisonnier. Cinq mois cloué dans le même lit, paralysé et quasiment aveugle suite à des arrêts vasculaires cérébraux probablement dûs à une coupable négligence. Cinq mois où tu ne pouvais pas ou presque pas parler, bref cinq mois où tu as vécu l'enfer sur terre et où tes proches n'ont pas pu t'apporter tout le réconfort qu'ils auraient souhaité, ne pouvant te voir qu'à peine trois heures par jour et encore !
Et bien, j'aimerais maintenant que ces cinq mois on les oublie, peut-être pas tout le temps, mais au moins pendant cette messe. Que ceux qui t'ont vu à l'hôpital, je pense particulièrement à tes parents, effacent cette image et la remplacent par celle de cette photo, le VRAI Charles, avec ce sourire, avec ton sourire. C'était il n'y a pas si longtemps, il y a un an à Aix, tu étais déjà gravement malade -peu de gens le savaient-, mais la magie de cette maison que tu aimais tant opérait.
Dès dimanche tu vas retrouver cette ville, le soleil du sud, le mistral et la montagne Sainte Victoire.
Et au moment où tu pars, où tu rejoins le créateur, l'architecte, peu importe comment on le nomme, lors de cette messe célébrée par le père Desgens, aumônier des artistes -ce qui n'aurait pas été pour te déplaire-, une messe catholique mais œcuménique -comme toi- avec une participation protestante avec le pasteur Florent Varak -que tu connaissais très bien et qui viens de loin pour toi- mais aussi les institutions juives avec Monsieur Jean François Lévy ; je voudrais te dire la chance que nous avons tous eue de te connaitre et de croiser ton chemin.
Bonne route ! »
Ensuite Gonzague Werquin fait la 1ère Lecture : « DIEU EST AMOUR »
Lecture de la première lettre de Saint Jean Mes bien-aimés, Aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu . Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et il connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, C’est lui qui nous a aimés, Et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. |
Puis Pascal Bataille lit le Psaume 21 : « MON DIEU, POURQUOI M'AS-TU ABANDONNÉ »
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Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et n’étaient pas déçus. (...) C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’as mis en sûreté entre ses bras. A toi je fus confié dès ma naissance; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu. Ne sois pas loin: l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider. Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent. Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi. Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles. | Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais. Tu me mènes à la poussière de la mort. (...) Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin: ô ma force, viens vite à mon aide! Tu m’as répondu! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. (...) Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses. Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent: « A vous, toujours, la vie et la joie! » |
Le Diacre proclame l'Evangile : EVANGILE DE JESUS CHRIST SELON SAINT JEAN
Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. »
Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
– « Je sais, répondit–elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. »
Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois–tu cela ? »
Elle – « Oui, Seigneur, répondit–elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » (Jean 11:21-27)
Lazare, l’ami de Jésus, était mort depuis quatre jours
Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla.
Il dit : « Où l’avez–vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. »
Alors Jésus pleura ;
et les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »
Mais quelques–uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir. »
Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau ; c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée.
Jésus dit alors : « Enlevez cette pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours… »
Mais Jésus lui répondit : « Ne t’ai–je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? »
On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé.
Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. »
Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! »
Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens : « Déliez–le et laissez–le aller ! » (Jean 11:32-44)
Je ne peux commencer sans vous faire part de mon affection... Tant de souvenirs me sont revenus, tous heureux ou amusants, tous si positifs… Je suis honoré que vous m’ayez convié à vivre ces moments avec vous… Je prie que cette cérémonie ait du sens… qu’elle soit comme un baume – certes, un petit baume.
Charles fait partie de ces amis qu’on rencontre pour un temps, et qu’on apprécie tant qu’on se dit qu’il faudra les revoir – un jour. Echanger nos chemins, rire de nos souvenirs, se projeter dans l’avenir… Un jour… Un jour il faudra vraiment prendre sa plume ou son clavier, envoyer un courriel ou téléphoner. C’est si facile.
Je suis triste, remué que ce jour ait été trop reporté…
Nous étions tout deux étudiants dans une école de commerce qui nous a menés aux Etats-Unis. Nous avons partagé un appartement pendant un an. Cette année 87-88 a été mémorable à bien des points de vue. Cette colocation était aussi inoubliable, en partie parce que nos chemins étaient assez différents :
· Il avait un goût prononcé pour les bons restaus – et moi pour les pâtes et le riz trop cuit, fait dans l’appartement, entre deux activités.
· L’informatique populaire des PC était naissante, et Charles était largement en avance – j’avoue la jalousie qui m’habitait de le voir rafler les meilleures notes parce qu’il savait mieux présenter son travail.
· Je l’ai vu s’enthousiasmer d’une caméra video dont il voulait se servir pour atteindre le monde tant admiré des médias et de la télévision. Je suis heureux de constater que son rêve s’est réalisé.
· Et puis – je m’en rends compte maintenant – il avait beaucoup de courage de me prendre comme coturne. Je venais de découvrir la foi en Jésus. J’ai grandi dans une famille finalement assez anti-chrétienne, et cette rencontre personnelle avec Christ m’a tellement bouleversé que j’étais passablement bavard, un brin casse-pied. Je comptais déjà m’orienter sur la théologie et devenir pasteur. La passion des commencements devait me rendre finalement assez pénible !
J’ai donc été très touché d’apprendre par Edouard Marquis qu’il gardait un doux souvenir de nos discussions ; parce que discussion il y a eu !
· J’avais rencontré le Colonel James Irwin (Apollo 15), et je l’avais invité à parler sur le Campus. C’était un chrétien rayonnant qui disait à qui voulait l’entendre : « Jésus Christ qui marche sur terre c’est plus important que l’homme qui marche sur la lune ».
· Charles et moi avons mangé avec cet astronaute, et bien sûr les discussions ont été nombreuses sur Dieu, sur la foi, sur la Bible, sur la vie, sur la mort…
Sur la mort… cette réalité universelle… tragique et omniprésente…
· Giacometti (1901-66, l’un des plus grands sculpteurs du 20e siècle) a écrit, au sujet de ceux qu’il peignait : « tous les vivants étaient morts ».
· Salvador Dali : « Le seul problème qui non seulement me préoccupe mais qui m’effraie, c’est l’idée de la mort. »
· C’est en partie la force des portraits de Roman Opalka qui grave inlassablement sa marche loin de la jeunesse et vers la mort. Il décrit, peint, représente, s’imagine, mesure le temps et l’infini.
Et Dieu dans tout ça ? Dieu semble si loin lorsque la souffrance éclate, lorsque la mort atteint nos proches. Elle paraît d’autant plus injuste lorsqu’elle frappe si tôt… Pourquoi Charles ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi tant de souffrances ? Que dire à l’enterrement d’un ami ? Et toute façon quelle explication serait satisfaisante devant la douleur qui vient de l’arrachement d’un être cher ?
Face à l’incompréhensible des situations particulières, je voudrais souligner, plutôt, un point de contact avec Dieu : Dieu connaît la souffrance et y a remédié. Finalement, on ne peut pas vivre d’explication face à la souffrance, mais on peut vivre de présence et de promesse.
· Le Dieu qui change les cœurs de ceux qui s’approchent de Lui, n’a pas regardé la misère des hommes pour leur envoyer une carte postale, ou une carte de vœu, qui dirait « bon courage ». Dieu s’est mouillé en venant lui-même sur terre. Il est venu en chair et en os. Il connaît la vie humaine. Le prophète Ésaïe annonce la naissance d’un enfant qu’on appellerait « Admirable, conseiller, Dieu puissant, Père éternel, prince de la paix » (Esa 9.6).
· Et lorsque Dieu a marché sur terre en la personne de Jésus, ce qui frappe c’est qu’il a souvent été saisi dans ses tripes par la souffrance, et notamment devant la souffrance de la mort. Le verset le plus court de la Bible se trouve dans le texte lu tout à l’heure. Jésus est devant la tombe de Lazarre. Il est entouré des sœurs du défunt, et il s’apprête à ressuscité cet homme. Pourtant, ce verset dit : « Jésus pleura ». Jésus savait pourtant qu’il allait ressusciter Lazare. Mais il est saisi de voir ce que la mort a engendré, le désespoir qu’elle suscite. Aucune froideur ni distance de la part de Dieu.
· Et en même temps, Jésus, Dieu-devenu-homme, est mort à la place des hommes pour gérer une fois pour toutes, le problème de la culpabilité humaine : il meure à la place de ceux qui lui font confiance et qui lui permet d’affirmer : « je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra quand bien même il serait mort. » Lorsqu’il meurt sur la croix, Dieu le Père place sur ses épaules toutes les fautes, tous les péchés commis par les hommes, et Dieu le Fils meurt
le jugement que nous aurions dû recevoir, et il conquiert ainsi la mort…
· Vous avez remarqué ce que Jésus souligne à Marthe : « le crois-tu ? » l’appel, l’invitation est personnelle et forte.
On ne peut pas vivre d’explication. Il n’y a peu, et la vie n’est pas dans la tête – les explications ne rassasient pas. Mais on peut vivre de promesse. On peut expérimenter cette promesse : « je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra quand bien même il serait mort. »
Je termine avec l’un des passages de la Bible qui a le plus impressionné Charles, et je crois sur lequel il s’est appuyé. Un thème cher à la Bible, celui d’un salut gratuit pour tous ceux qui l’accepte. C’est l’apôtre Paul qui écrit dans sa lettre aux Romains :
« Oui, avec le péché, ce qu’on gagne, c’est la mort. Mais avec Dieu, ce qu’on reçoit gratuitement, c’est la vie avec lui pour toujours, en union avec le Christ Jésus, notre Seigneur. » (Rom 6.23, PDV)
La pate humaine, depuis que l’homme s’est éloigné de Dieu, est marquée par le péché. Personne n’est exempt de cette plaie. Le péché et la mort nous atteignent tous. Mais la Bonne Nouvelle, c’est que Dieu tend une main de pardon que chacun peut saisir.
Et je crois profondément que Charles voudrait que soit soulignée en ce jour cette phrase chargée d’espérance : « 23 Oui, avec le péché, ce qu’on gagne, c’est la mort. Mais avec Dieu, ce qu’on reçoit gratuitement, c’est la vie avec lui pour toujours, en union avec le Christ Jésus, notre Seigneur. »
Notre église prie que Dieu accorde notamment à vous, Madame et Monsieur Werquin, une consolation surnaturelle, au milieu de cette tragédie. Permettez moi encore de vous exprimer toute mon affection. »
Prière Universelle
Danny Stocker : Lord, remember Charles, with thou, that he finds-never ending happiness, eternal youth and that he watches over all that he loves. Souviens-toi, Seigneur, de Charles qu'il trouve auprès de toi la joie sans fin, la jeunesse éternelle, et qu'il veille sur tous ceux qu'il aime. Marie-Eugénie Werquin : Prions pour les siens, parents, amis, que l’affection qui les unit et l’amitié qui les entoure les aident à supporter l’épreuve. |
Patrice Carmouze : Prions pour tous ceux qui connaissent la souffrance, la longue maladie, la dépendance ; prions aussi pour ceux qui les accompagnent : que Dieu leur donne courage et force. Thérèse Déchirot : Souviens-toi des membres de sa famille, qu’ils gardent au fond du cœur la certitude de revoir Charles dans ta lumière. Jacques Antoine : Pour tous ceux qui, croyants ou non, s’efforcent de construire un monde plus juste et plus fraternel, que rien ne les décourage. |
Les témoignages commencent par Xavier Werquin, son oncle, qui évoque leur jeunesse commune.
« Alors qu’adolescent je m’étais fabriqué mon petit univers, un ovni tout droit venu des noires Ardennes avait débarqué dans ma vie.
Il me parlait de mystérieux ordinateurs que l’on pouvait avoir chez soi, de création de programmes de télévision dont je pensais qu’ils étaient créés par des dieux bienveillants, avec la simplicité du camarade de classe qui a découvert le dernier groupe à la mode.
Après quelques semaines il m’emmenait dans un magasin d’électronique pour y faire de l’ « informatique ». Ce qui m’étonnait le plus c’est que ce jeune garçon semblait connaître le maître des lieux depuis toujours car celui-ci lui avait déjà raconté sa vie. Il avait ce don pour mettre les gens en confiance et tout en apprendre.
Quand cela lui semblait valoir la peine il arrivait à communier avec l’autre, comme si par un simple changement de costume il devenait son propre frère.
Avec mon papier rose tout neuf nous parcourions la ville de radios libre en clubs d’informatique. Rapidement d’autres compères avaient grossi notre « Scooby gang ».
A vingt ans alors que d’autres faisaient du sport ou draguaient en boite, nous inventions le monde entre la production d’émissions de radio et la fabrication d‘ordinateurs dans la fraternité et l’humour dont les Chti ont le secret, comme vous le savez maintenant.
Quelques années plus tard Charles m’a offert de connaître son autre monde, son Amérique.
Il me montrait avec un plaisir communicatif son nouvel univers à Hartford puis à Los Angeles. Pendant quelques semaines nous allions en quête à travers cette ville immense d’un appartement et d’une voiture pour son année à USC.
Un jour il m’a emmené voir un tournage de Family Feud, la version originale d’ « Une Famille en Or », alors que ce jeu était complètement inconnu chez nous. Fraîchement débarqué du pays des grenouilles je n’y comprenais absolument rien mais ses explications enthousiastes rendaient ce divertissement plus passionnant qu’un James bond. Je sentais alors que Charles avait trouvé plus fort que la radio et l’informatique.
Armé de son MBA il est parti conquérir Paris avec le succès que l’on sait.
Je l’ai rejoint, persuadé que mes nouvelles idées d’alors allaient me mener à la consécration. Je pense que sans lui, je n’aurais pas quitté…Chnord.
Dès lors il ne se passait pas quelque semaines sans que nous échangions nos idées lors d’un resto.
Le hasard de la vie nous à nouveau rapproché quand j’eus la chance de faire une courte mission chez Loribel, société qu’il considérait comme sa famille. Lorsqu’un jour j’ai vu un enregistrement de YAK,
Y a que la vérité qui compte, j’ai découvert encore un autre Charles : il se transformait en chef d’orchestre virtuose, un Karayan du direct, du grand art.
Je découvrais alors ce que vocation veut dire. Une fois la fin de l’enregistrement, tel Clark Kent, il redevenait le jeune homme sympathique et enjoué que je connaissais.
Et puis il y a eu sa dernière audace, vaincre une maladie inconnue de front en tentant le tout pour le tout. Mais par la faute d’un week-end malvenu, il se retrouvait prisonnier pour 150 jours. Il me plait de l’imaginer tel un libéré illustre, descendre altier et sourire aux lèvres la passerelle amovible d’un avion céleste avec, l’accueillant en bas, bras ouverts, mon père avec qui il passait des après midi entières et sa grand mère pour qui il était tout, la main pleine de chocolat qu’il aimait tant, et le grand berger allemand de son enfance tout frétillant à la joie de le revoir.
Mais enfin Charles qu'est ce que tu nous as fait là, ta nouvelle télé réalité je l'aime pas, laisse ça et viens, on va parler du bon vieux temps devant une Kirin et un sushi comme avant. »
Daniel Bô s'attarde un peu plus sur l'aspect professionnel.
« Charles, sur Facebook et ailleurs les amis ont exprimé les mêmes qualificatifs pour te décrire : disponible, attentionné, gentil, généreux, fidèle, drôle et convivial, enthousiaste. Le mot qui revient le plus c’est passionné.
Tu aimais passionnément ton métier. Tu avais une curiosité insatiable pour la télévision, la programmation et la technologie. Tu te qualifiais de « néopathe ». Pendant ta maladie, tu voulais surtout qu’on te donne des nouvelles du PAF.
Ton appartement au dernier étage face au jardin André Citroën, tu l’avais choisi parce que tu pouvais installer des antennes satellite pour capter les télévisions du monde entier. Tu te faisais envoyer des cartes pirate pour regarder Sky Chanel. Sur la table de ton salon, il y avait plus d’une dizaine de télécommandes. Tu fus un des premiers à avoir la fibre optique à paris et avoir une slingbox pour regarder la TV américaine.
Charles, ce savoir, tu aimais le partager.
Tu étais très pédagogue et tu conseillais beaucoup d’entre nous amicalement. Les échanges avec toi étaient très stimulants.
Tu étais très délicat et chaleureux : ton credo lorsque tu as lancé ton blog c’était « la télévision c’est l’émotion ». Ton sourire et ton empathie rendaient ta compagnie très agréable.
Tu adorais faire de l’antenne et jusqu’au bout tu as voulu en faire. Tu as même utilisé des bouteilles d’oxygène portative pour aller jusqu’au plateau où tu étais chroniqueur (chez Patrice Carmouze). A la télévision, tu jouais volontiers un rôle de professeur nimbus, qui montrait malicieusement les nouveautés de la planète.
Tu étais toujours positif et optimiste. Quand tu as été obligé de rester chez toi, tu es devenu l’expert de l’achat en ligne en testant tous les services de vente à distance.
Charles, tu étais aussi très discret sur toi-même.
Beaucoup d’entre nous ont été surpris par l’annonce de ta maladie. Au téléphone, tu n’en disais rien et seuls ceux qui passaient te voir découvraient que tu vivais raccordé à une grosse bouteille d’oxygène.
Nous allons tous regretter de ne plus pouvoir échanger avec toi, de ne plus avoir tes conseils avisés et ta présence amicale.
Charles, aujourd’hui, tu nous manques. »
Monsieur Jean François Lévy (Mouvement Juif Libéral) lit une prière juive : « DIEU EMPLI DE MISERICORDE » (El Male Rahamim - אל מלא רחמים)
Dieu empli de Miséricorde résidant dans les hauteurs. Accorde le juste repos sous les ailes de la Présence Divine parmi les saints et les purs qui brillent comme la splendeur du firmament. A l'âme de Charles, qui est allé en son monde pour la tzedaka collectée pour le souvenir de son âme. En conséquence, que le Maître de Miséricorde le cache dans ses ailes à jamais et enveloppe son âme dans la vie éternelle. Que Dieu soit son héritage et puisse-t-il reposer en paix sur sa couche. Et nous disons Amen.
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MUSIQUES Entrée du Corps : Fort Boyard (Paul Koulak) |
Janine Balz (Cantatrice), Marion Aubert (Chants Liturgiques)
Jean Galard (Organiste), Alina Barynava (Flûtiste)